[Flashback] Tiens donc... [ft Merle Blanc]

L'étang m'apparu, sa surface lisse reflétant le soleil haut dans le ciel. Il brillait dans un ciel dégagé, typique des journées de la saison des neiges. Un froid mordant, s'accompagnait d'une bise glaciale qui ne venait même pas troubler la surface de l'eau. Le doux murmure hivernal m'apporta rapidement la confirmation que je me trouvais seule. M'approchant du bord, écartant au passage une épaisse touffe d'herbe, je vins alors y troubler sa surface d'un vif coup de langue. Un goût de tourbe m'emplit alors la bouche, surprenant plus que désagréable, je décidai néanmoins de ne pas réitérer mon action. Mon reflet, de plus en plus net, me renvoyait l'image d'une chatte au pelage en bataille dont les yeux verts pétillaient.

Grizzly n'était pas un tendre. Loin d'être sa qualité première, sa tendresse n'avait d'égal que sa faculté à garder le silence. Et bon sang que ce chat parlait ! Qu'on s'échange des coups de pattes ou qu'on s'adonne à des exercices moins martiaux, ses miaulements ne cessaient jamais. Agacées par ses jacassements, il m'arrivait d'engager de sérieuses hostilités pour obtenir le silence. Mais cette fois, sa prise de parole se fit plus rare. Tout s'était fait dans un silence absolu, apaisant, délicieux.

Son odeur fourmillait encore sur moi, une simple inspiration suffisait à me renvoyer chérir ces moments passionnés avec ce gros matou noir et blanc. Aussi plaisant que ces moments pouvaient être, ils m'étaient interdits, proscrits, sous peine de lourdes sanctions. Mon Clan n'avait pas pour réputation d'être le plus tolérant en matière de chats étrangers aux us et coutumes de leurs homologues claniques. Je connaissais les règles et les sanctions qui les accompagnaient. Je me permettais même, dans une hypocrisie malvenue, de blâmer ceux qui se retrouvaient dans des situations similaires à la mienne. Et Etoile Folle était très clair sur un sujet: celui qui fricotait avec l'ennemi était immédiatement banni. Et ce quelque soit la nature de l'ennemi. Le secret demeurait mien et j'osais espérer qu'il en reste ainsi. La douce fragrance de mon rustre d'amant devait quitter mon pelage.