Souffle Matinal

Du haut de ses trente-neuf lunes, Souffle Matinal impressionne par sa taille peu commune, qu’il doit à son père, Bois de Cèdre, lui-même guerrier au physique fort. S’il paraît quelques lunes en plus, c’est simplement à cause de l’aspect un peu négligé de son pelage. Chat au poil long, la vie ne lui a pas fait de cadeau, car ce n’est pas pratique. Il a depuis longtemps arrêté de lui fournir un soin particulier et ne fait plus vraiment attention à la mousse et à la poussière qui peut s’y trouver. Ce qui lui donne un air pas franchement réveillé et surtout revêche.
Son pelage est constitué de plusieurs nuances de brun, plus ou moins foncées ; exception faite du bout de sa queue, de son museau et de quelques tâches sur son dos. Au début de sa vie blanches, ces parties de son pelage se sont peu à peu colorées dans un beige grisâtre à l'apparence un peu sale. Ses moustaches sont particulièrement longues et d'une couleur qui reflète son pelage. Leurs extrémités sont brunes tandis que leur base est blanche. La seule particularité physique qu'il possède est une vilaine cicatrice sur son oreille droite. Après une rencontre avec un chien errant, ce dernier lui a méchamment entaillé le bout de l'oreille, lui arrachant une petite partie. Bien qu'un fin duvet a eu le temps de repousser, il garde encore les séquelles et son son oreille atrophiée est bardée de petites cicatrices blanches. Depuis il privilégie son côté gauche pour écouter et tendre l'oreille, certainement un petit traumatisme suite à cette mésaventure.
Le reste ne mérite pas vraiment une description approfondie, si ce n’est ses yeux ; deux orbes d'un profond jaune paille. Souffle Matinal possède un regard perçant, qui ne se laisse ni intimider ni baisser. Il n'a peut-être pas le don des guérisseurs pour voir au travers des douleurs félines, mais son flegme et sa discrétion, toute proportion gardée, lui laisse parfois entrevoir les humeurs de ses camarades.

Si Souffle Matinal a commencé sa vie comme n’importe quel chaton, joueur et expressif, sa véritable personnalité est peu à peu sortie au fil des lunes. Son apprentissage en tant que guerrier l’a vu de plus en plus arborer cet air un brin distant et pourtant conciliant. On ne sait pas vraiment d’où cela vient, puisque personne, dans sa famille immédiate, n’a ce trait de caractère. Ni son père ni sa mère n’avait cet air-là sur le visage. Quant à sa sœur aînée, la question ne s’est jamais posée. En somme donc, Souffle Matinal a toujours été un chat impassible. De ce fait découle une nature pour le moins … flegmatique. Il n’est certes pas d’une nature très rapide mais cela est contrebalancé par une nature calme et une faculté à contrôler ses émotions – en apparence du moins. L’intérieur de sa tête cache bien souvent des incertitudes qu’il laisse rarement voir concernant sa vie sentimentale. Mais lorsqu’il s’agit de prendre des décisions importantes, il n’hésitera pas un seul instant. À cette personnalité confiante s’ajoute un tempérament lent, qui ne se presse pas. Si vous voulez obtenir quelque chose de lui, il vous faudra attendre, peu importe la demande que vous lui ferez. Souffle Matinal est un guerrier patient, qui a déjà eu son lot d’aventures et sait agir en conséquence. Il ne sait que trop bien ce qui découle d’une décision prise avec hâte, pour l’avoir souvent constaté. De fait il contrôle ses émotions avec une facilité qui peut parfois s’apparenter à de l’indifférence et ne laisse rien passer au hasard. Il cache son étonnement, sa peur, sa tristesse ou sa colère sous ce masque qu’il veut à la fois sûr de lui et imperturbable. Parce qu’il a parfois l’impression que c’est le seul moyen dont il a la pleine possession et qui lui permet de faire face à la dureté de la vie. Mais gare à ne pas trop le titiller car il n’hésitera pas à envoyer balader ceux qui l’embêtent ou qui ne lui plaisent pas. Son cynisme dans ces cas-là saura trouver le point où appuyer pour faire mal.

S’il est une qualité que l’on ne peut lui retirer, c’est sa fidélité. On ne sait pas trop comment il la cultive mais une chose est sûre : il ne fera jamais défaut à son clan ou à l’un de ses membres. La disparition de sa famille lorsqu’il était plus jeune et sa nomination au poste de lieutenant y est certainement pour quelque chose. Mais c’est une chose indéniable. Souffle Matinal est extrêmement loyal et c’est une chose impensable pour lui que de trahir.

D’un naturel réfléchi, ce qui rejoint ce qui est dit un peu plus haut, il prendra toujours le temps de voir et de peser quelle est la meilleure décision. Non pas la bonne, mais la « meilleure ». Il n’est pas du genre à foncer dans le tas. Même s’il porte ce masque d’impassibilité et qu’il ne recherche pas spécialement la compagnie d’autrui, cela ne l’empêche pas de souvent adopter une posture décontractée et contemplative, qui témoigne de sa confiance en lui et les autres.

Assis au milieu des feuilles, il observe. Attentif au moindre mouvement, au moindre bruissement. Tendant le cou, il fait bouger ses oreilles rapidement, captant plusieurs sons. Mais aucun ne ressemble à celui qu’il attend. Alors il continue d’attendre. Planté au beau milieu de ce petit bosquet, il regarde autour de lui. Baissant la tête, il soupire lourdement, se demandant ce qui lui a pris de suivre l’apprenti qui voulait simplement se « balader » sur les terres du clan.
Puis un bruit, d’abord sourd et comme lointain, commence à se faire entendre. Et à mesure qu’il se rapproche, il se distingue de plus en plus. Un bruit de cavalcade. Des pas martelés. Des jappements bruyants. Et bientôt, une respiration saccadée, essoufflée… Att—quoi ? Des jappements ?! Dans sa tête, il se demande ce qu’il a pu faire pour mériter une telle chose. Il ne sait rien mais déjà il a une idée particulièrement précise de ce qui est en train de se passer. Et à peine ses pensées éclairent son esprit que les fourrés derrière lui s’écartent pour laisser débouler son meilleur ami, essoufflé mais affichant un grand rictus. Comme il vient de sauter par-dessus les buissons, il atterri rudement sur l’herbe et boule un peu plus loin. Il se relève en quatrième vitesse et sautille vers Nuage Matinal tandis que les pas qui martèlent le sol s’approchent de plus en plus.

« — Tu ne devineras jamais ce qui nous court après ! Miaule-t-il, tout sourire.
— Ce qui te court après, tu veux dire. Et si je vois très bi—! »

Il a à peine le temps de terminer sa phrase que les fougères s’écartent une nouvelle fois. Mais cette fois, ce n’est pas un chat qui en sort. Non, bien évidemment. Nuage Matinal contemple le chien devant eux, les crocs découverts, l’haleine fétide et les yeux brillants d’une rage à peine contenue.
Son ami passe à côté de lui en courant et la seule chose qu’il trouve à lui lancer dans cette situation, c’est un « T’as vu ça ? Il est minuscule ! » avant de s’enfuir en riant. Et pour le coup, il ne peut pas dire le contraire… Un pauvre sourire fait soulever ses moustaches. Il compatirait presque, parce que c’est vrai, il est… ridiculement petit. Il ferait presque pitié. Et comme s’il pouvait lire dans ses pensées, le chien se met à grogner de plus belle alors que derrière lui retentit un magistral « Eh la moustache, tu t’bouges ?! » S’ensuit un bruit de course et des murmures, promettant milles morts à l’apprenti, bien plus douloureuses que se faire déchiqueter par un molosse.

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Leurs noms résonnent dans le campement. La foule est euphorique car aujourd’hui deux nouveaux guerriers rejoignent les rangs du clan. Un concert de miaulements retentit et on entend des félicitations, des encouragements. Un sourire épanoui flotte sur son visage. Et son meilleur ami rayonne comme rarement il l’a vu faire. Ils sont guerriers.

Bientôt, les derniers couche-tard s’éclipsent dans leurs tanières respectives, laissant les deux amis veiller sur le camp en silence pour la première fois. Une première partie de la nuit passe sans qu’aucun des deux n’échange une parole. Tout en regardant les étoiles, Souffle Matinal se demande si ses ancêtres du clan des Etoiles le regardent. S’ils l’observent, et voient ce qu’il est devenu. Si ses parents le regardent, et sont fiers de lui. Si sa petite sœur l’envie, de là où elle est. Ces pensées emplies de souvenirs heureux comme tristes tourbillonnent dans son esprit, le temps d’une seconde et disparaissent tout aussi rapidement. Comme si rien ne s’était passé. Comme si les larmes qui s’agglutinent au coin de ses yeux n’étaient pas réelles.
Elles tombent une à une. Roulent, mouillent son poil sans grâce. Depuis combien de temps ne s’est-il pas laissé aller ? Combien de temps est passé depuis la mort de sa sœur Petite Rosée et celle de ses parents ? Plusieurs dizaines de lunes est la réponse qui traîne dans son esprit. Seulement deux saisons est la bonne réponse.
Ses pleurs sont silencieux. Tout, dans cette atmosphère baignée de la pleine lune, semble propice à la mélancolie et à la nostalgie. C’est du moins l’idée de Souffle Matinal.

« — Qu’est-ce qu’il se passe, la moustache ? »

Souffle Matinal retient un rire mouillé – ce qui n’est pas à son habitude lorsque son ami l’appelle ainsi. Mais cette nuit, il ne peut s’empêcher de se dire que, malgré tout, son surnom est diablement bien trouvé. « Rien. Nous sommes guerriers, c’est tout… » Quelques secondes s’écoulent. « Et quand je pense à tous ceux qu’on a laissé derrière… » Il n’a pas le temps de terminer sa phrase que son ami se penche vers lui et d’un mouvement réconfortant, pose sa queue sur son épaule. « Je sais. »

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Cette fois-ci, il ne peut pas éviter à temps le chien errant qui se jette sur lui. Lorsqu’il est arrivé prêt des grands rochers qui annoncent les chutes qui marquent la frontière entre son clan et celui de la Rivière, il n’a pas remarqué tout de suite le molosse. Il a suivi sa trace depuis le plateau d’où il chassait, alerté par l’odeur particulière du canidé et il a pris la décision de ne pas revenir au camp par peur de perdre sa trace. Mais maintenant qu’il se retrouve coincé, pris par surprise, il se dit qu’il aurait mieux fait de venir avec une patrouille complète. Souffle Matinal se rappelle un instant ce petit chien qui les avait coursés avec son meilleur ami lorsqu’ils n’étaient encore que des apprentis. Mais celui qui lui fait face n’a rien à voir.

Le guerrier de 21 lunes ne sait plus où il est lorsque ses yeux s’ouvrent sur un abri et le pelage du guérisseur. Tout ce qu’il sait, c’est qu’une douleur lancinante pulse à son oreille droite et qu’un violent mal de crâne le guette. La forte odeur des plantes médicinales lui prend le museau et il ne peut s’empêcher un rictus de dégoût.

« — Ne bouge pas Souffle Matinal, ta plaie est loin d’être cicatrisée. »

En entendant la voix du guérisseur, ses oreilles bougent pour mieux capter le son étouffé par la tanière. Mais le premier mouvement de son oreille droite lui arrache un petit miaulement de douleur et il couvre instinctivement ses oreilles de ses pattes en baissant la tête, ce qui lui vaut un nouveau cri endolori. Le soupir du guérisseur est audible.

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C'est en ressortant de la tanière de sa cheffe qu'il prend pleinement toute la mesure de ce qu'il vient de se passer. Etoile d'Abyssie est morte hier, résultat d'une patrouille qui a mal tourné. Sa fille - et maintenant ancienne lieutenante - est celle qui va prendre sa place. Dès ce matin, elle partira en direction de la Source de Lune pour y recevoir ses neuf vies de meneuse. Et c'est à Souffle Matinal de veiller sur le camp en attendant son retour.
Il voit son meilleur ami au loin lui adresser un petit clin d'œil avant de disparaître de la combe sablonneuse. Lorsqu'il détourne le regard, certains apprentis l'observent avec des yeux pétillants, à la fois excités et timides. D'autres guerriers inclinent légèrement la tête en passant devant lui. Les chatons qui jouent devant la pouponnière ne font quant à eux aucun cas de ce changement. Désormais, ce sera à moi de les protéger.

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PRENOM • // AGE • 25 années SURNOM • owly COMMENT AS-TU DECOUVERT LE FORUM ? par partenariat QU'EST-CE QUI T'A POUSSE À T'INSCRIRE ? la nostalgie des forums lgdc, j'ai longtemps roulé ma bosse dessus ! DES REMARQUES, DES SUGGESTIONS, DES QUESTIONS ? souffle matinal est un vieux perso que je n'ai jamais eu le temps de jouer, donc je le dépoussière ici (si vous avez une impression de déjà-vu, c'est peut-être qu'on se connaît de la vieille époque ? ) AS-TU LU LE REGLEMENT ? yep ! CODES •