Discussion entre deux têtes pensantes (Etoile d'Azalée)

Discussion entre deux têtes pensantes (ft. Etoile d'Azalée)

La cadence de ses pattes baissa drastiquement. Le silence se fit autour de lui, comme dans l'attente de ce qui allait se passer. Le silence se fit aussi dans sa tête. Les pensées qui l'avait accompagné jusque là disparurent, et tout son être se focalisa sur ce qui se trouva juste en face de lui. Ses vibrisses s'agitèrent sous de minuscules soubresauts, à peine détectables. Il retint un piaffement d'impatience, empêchant ses dents de claquer les unes contre les autres. Il était si près qu'il pouvait enfin voir le petit rongeur qu'il avait repéré quelques instants auparavant. Ce dernier, totalement inconscient du danger qui planait sur lui, fourrageait dans les hautes herbes du plateau à la recherche de graines. L'approche de Souffle Matinal dura plusieurs minutes, chaque mouvement nécessitant la plus grande discrétion. Derrière lui, sa queue était figée dans une courbe naturelle. Malgré ses talents de chasseur plus ou moins... fiables, il devait s'empêcher de remuer le bout blanc de sa queue car ses longs poils pouvaient être facilement visibles par le campagnol. Une musaraigne, avec ses eux peu développés et son bon odorat aurait été plus simple à chasser car il lui aurait suffit de se mettre contre le vent et celle-ci n'aurait rien vu venir. Mais un seul mouvement brusque et ce petit campagnol n'hésiterait pas un seul instant pour déguerpir. Sans changer son rythme de respiration, le lieutenant se ramassa lentement sur lui-même, bandant ses muscles, mettant à contribution la moindre parcelle de son corps. Il attendit quelques secondes supplémentaires. Et prit son élan. Ses griffes se refermèrent dans la terre meuble, arrachant quelques touffes d'herbes au passage. Sans même prendre le temps de réfléchir, il se mit à la poursuite du rongeur.

Lorsque Souffle Matinal parvint enfin à mettre la patte sur sa proie, la course-poursuite l'avait amené à une dizaine de mètres de là où il avait commencé à la traquer. Dans sa chasse, des herbacées s'étaient emmêlées dans son pelage, lui donnant un air hirsute et dépenaillé. Il contempla le carnage avant de hausser les épaules et de récupérer le petit animal entre ses crocs. Alors qu'il reprenait le chemin du camp, une bourrasque soudaine vint faire violemment onduler les hautes herbes et du haut de la petite colline sur laquelle il se trouvait, il vit le lac en contrebas, son eau frémissante elle-aussi sous les assauts du vent. Il pesa rapidement le pour et le contre puis tourna les talons, descendant à travers le plateau vers les abords du lac. À cet endroit du territoire, les plateaux herbeux finissaient leur course par une pente de quelques mètres qui plongeait ensuite dans les eaux sombres du lac. Il était possible, à certains endroits, de descendre vraiment proche de l'eau mais Souffle n'avait aucune envie de tenter l'expérience aujourd'hui. La saison des feuilles mortes battait son plein et les journées raccourcissaient, le soleil se faisant de moins en moins présent. L'eau du lac devait déjà être très fraîche malgré la canicule de cet été.

La lumière du jour avait bien progressée vers l'ouest quand il entendit, derrière lui, le bruissement caractéristique d'un félin. Sans prendre le temps de vérifier l'identité de la nouvelle venue, Souffle Matinal détendit ses muscles qui s'étaient instinctivement contractés suite au bruit. Il adopta une posture décontracté, se couchant sur le sol, les épaules lâches, les pattes avant légèrement écartées et la queue traînant autour de lui. Le campagnol qu'il avait chassé était posé entre ses pattes et son regard fixait un point lointain, sur la rive opposée du lac. Après quelques moments d'un silence paisible, il tourna finalement la tête. « Si tu craignais que je m'esquive de mes fonctions, sache que ma chasse de tout à l'heure ne s'est pas soldée par un échec cette fois-ci. » Seules quelques moustaches tressautèrent. À part ça, rien n'indiquait qu'il se moquait gentiment de la meneuse. Sans réponse d'Etoile d'Azalée, il poursuivit, se demandant une énième fois pourquoi il n'avait pas le droit à un peu de repos. « Si tu es venue me chercher jusque-là, c'est que ce devait être important... n'est-ce pas ? »

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Etoile d'Azalée - 36 lunes - Meneuse - Clan du Vent

RP featuring Souffle Matinal ( CLAN DU VENT - lieutenant )

Un oiseau s'envola brutalement, faisant ouvrir délicatement les yeux de la chatte. Elle feula d'agacement, tandis qu'elle regardait autour d'elle. Le Soleil était déjà bien haut dans le ciel, aujourd'hui, puisque ses rayons caressaient allégrement le sol de son antre. Depuis combien de temps dormait-elle ? Depuis combien de temps était-elle présente ici ? Depuis combien était-elle couchée ? Elle ne saurait le dire. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle ne cessait de penser, d'avoir des cauchemars incessants et de revivre cette période sans arrêt. Elle ne comprenait pas. Pourquoi maintenant ? Pourquoi aujourd'hui ? Sa mère était morte depuis longtemps, pourtant. Elle n'était pas revenue de sa patrouille depuis des Lunes .. Et pourtant, elle ne cessait d'envahir son esprit. Que voulait-elle lui dire ? Que voulait-elle lui transmettre ? Le pire dans tout ça, c'est que personne ne voulait lui dire ce qui était réellement arrivé. Même les guerriers présents ce jour-là.

" Je reviendrai Aza', je te le promet. " La petite chatonne réprima une larme, puis posa un regard inquiet sur sa mère, la Meneuse du Clan du Vent. " Mais mère .. Je ne sais même pas où vous allez. " Sa mère lui adressa un tendre sourire, sans doute le premier qu'elle n'ait jamais adressé à sa fille. " Tu n'as pas besoin de le savoir, mon enfant. Tu n'es surtout, pas en âge de le comprendre. " Un petit soupir enfantin passa les babines de la chatte, tandis qu'elle regardait sa mère qui s'éloignait avec sa patrouille. Elle ne comprenait pas. Pourquoi sa mère avait-elle ce besoin de s'éloigner ? Pourtant, le Clan avait tout pour subvenir à leurs besoins, non ? Après un dernier regard à la fine équipe, Aza' fit demi-tour et marcha vers la tanière des Reines. Il n'y avait personne, c'était parfait ! Sans hésiter une seconde, elle se laissa aller et s'effondra. Des larmes roulèrent sur ses joues sans qu'elle ne puisse les contenir.

Cela fait maintenant des Lunes que sa mère est partie avec ses guerriers. Personne n'a eu de ses nouvelles, personne ne sait ce qu'elle est partie chercher, ou peut-être personne ne veut-il lui dire tout simplement ? La future meneuse pensait surtout à la seconde option. Ils la trouvaient trop jeune, donc ne lui confiaient absolument rien. Mais s'ils savaient. Elle est bien plus mature que ce qu'ils peuvent imaginer .. " ILS SONT REVENUS " Le cri perça dans le clan entier. Azalée sorti immédiatement de la tanière et en un regard, elle comprit. Elle était partie pour toujours .. Sa mère l'avait définitivement abandonné. Elle courut jusqu'au petit groupe, mais trois Reines l'en empêchèrent. Et elle ne put voir qu'un corps sablé porté par trois guerriers. Là, sans prévenir, elle miaula de détresse, se coucha au sol et pleura. Elle venait de devenir Meneuse.

La sablée finit par se lever, frustrée de ne pas avoir pu rattraper le sommeil qu'elle avait manqué, et marcha doucement vers la sortie de sa tanière. Le clan était en agitation ; les Reines s'occupaient des chatons de la saison, les guerriers entraînaient les Apprentis, Luciole était sans doute partie chercher des plantes et Souffle avait disparu. Comme d'habitude depuis quelques temps maintenant. Il devait être vraiment tard. Mais elle avait besoin du Mâle, elle avait besoin de sa présence et surtout de ses conseils. Il était son Meilleur Ami, et bien plus encore. Il savait la conseiller, la consoler et lui faire prendre conscience de son véritable rôle dans ce Clan. En effet, son jeune âge faisait en sorte qu'elle avait encore du mal à accepter son rôle de Meneuse, et surtout l'accomplir complètement.

Finalement, la chatte sorti de sa tanière. Elle fit en sorte d'être discrète, mais marqua tout de même les branchages alentours pour ne pas inquiéter sa famille. Un odeur lui vint en tête. Matinal était là, il était tout près d'elle. Alors sans hésiter, elle suivit la piste, laissant ses vibrisses glisser sur le sol pour absorber l'odeur, et sa vue suivre chaque mouvement. Elle était si absorbée par sa quête, qu'elle ne remarqua même pas l'oiseau qui venait de se poser près d'elle. De toute façon, elle n'avait pas faim. Là, son regard se posa ensuite sur la silhouette de son ami tigré qui était près de l'eau. Un fin sourire naquit sur ses babines, il était donc là. Elle s'approcha calmement, s'assit à côté de lui et observa l'horizon.

" Je te fais confiance, ne t'en fais pas. Tu n'es pas le meilleur chasseur du clan, mais tes fonctions nous sont plus utiles que cela. " Puis, elle osa. " Important, ça dépend pour qui. Disons que je n'en peux plus de penser à ma mère, sa mort .. J'ai besoin de savoir ce qu'il s'est vraiment passé. "

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Spoiler:

La réponse de son amie ne lui parvint pas tout de suite. Mais en voyant ses yeux, puis ses oreilles légèrement décalées vers l'arrière, Souffle Matinal comprit qu'il ne s'agissait pas d'une simple broutille. Peut-être que pour quelqu'un d'autre si, mais il connaissait Azalée depuis assez longtemps maintenant pour savoir quels étaient les signes avant-coureurs ; et lorsque cette dernière venait d'elle-même pour lui parler, le doute n'était plus permis. La chatte à la robe couleur de sable s'assit à côté de lui et il sut que le sujet, bien que ne le concernant pas vraiment, était sérieux.

Ah, c'est donc de ça qu'il s'agit. Pendant de longues lunes, il avait contemplé d'un œil impassible, presque indifférent, la relation entre Etoile d'Azalée et sa mère, ancienne meneuse du clan, alors Etoile d'Abyssie. Sa relation quant à elle avec les deux femelles avait toujours été purement hiérarchique. Etoile d'Abyssie avait été une cheffe stricte et sévère, concentrée sur la réussite et la survie de son clan parmi les trois autres. Pour ce qui était d'Azalée... Il ne pouvait nier qu'il avait souvent vu en elle une fille gâtée par une naissance haute dans l'organisation sociale du clan. Et même si les rangs de chef et lieutenant n'étaient en aucun cas héréditaires, il avait été surpris lorsque la mère avait nommé sa propre fille lieutenante. Azalée avait bien évidemment les qualités requises pour et avait assumé le poste à sa manière ; pourtant il s'était étonné de la dépendance de cette dernière à sa mère, et de voir que Abyssie l'avait presque... encouragée. Jamais il n'en avait parlé en ces termes à son amie car il savait que la mort soudaine de l'ancienne meneuse l'avait profondément touchée. Mais cela faisait désormais plusieurs saisons et Azalée avait toujours ces cauchemars, dont elle lui parlait de temps en temps. Le sujet était depuis houleux et délicat à aborder.

« Merci pour cette confiance qui m'aidera dans mes prochaines chasses. » Il lui lança un petit clin d'œil, espérant lui faire comprendre qu'il n'y avait aucune malice dans ses paroles. Il savait très bien quelles étaient ses capacités, tout comme ses limites. « Quant à ce qui t'amènes, tu connais déjà mon avis sur la question. » Il laissa son regard se porter au loin. Leur façon de réagir dans ce genre de situation était totalement différent. Tandis que Souffle Matinal gardait tout à l'intérieur, presque mal à l'aise de parler de lui, de ses émotions, Etoile d'Azalée était beaucoup plus ouverte, plus directe. Même si elle n'aurait pas parlé de sa mère à n'importe qui, elle ne restait pas forcément pudique sur le sujet. Il savait qu'elle se confiait également à Mélodie des Lucioles, leur guérisseuse. Pendant quelques instants, on entendit plus que le bruit du vent soufflant dans les herbes, le cri d'une bergeronnette des ruisseaux qui les avaient probablement repérés et le clapotis atténué du lac. Cet endroit était souvent comme ça, silencieux, sans bruit. Calme. « Je sais à quel point la perte d'Etoile d'Abyssie t'a affectée. Devenir cheffe du jour au lendemain n'est pas une passation idéale. Mais eh, si ça peut te rassurer, je ne m'attendais pas du tout à ce que tu me choisisses pour être ton lieutenant. Nous n'avions jamais véritablement parlé auparavant. » Mais aujourd'hui, elle avait mis la patte sur ce qui l'affligeait tant. Le fait de ne pas savoir dans quelles circonstances sa mère était morte la rongeait. « Mais je sais aussi que je ne peux pas comparer nos deux situations. » Enfin, il se tourna vers elle. « Tu ne peux pas continuer comme ça Azalée, sinon tu vas te ronger le cœur comme la tête. Je ne te demande pas de laisser tomber le sujet, » enchaîna-t-il rapidement, ne voulant pas être coupé par une quelconque protestation de la part de son amie, « mais as-tu déjà essayé de te rendre à la Source de Lune pour communiquer avec le clan des Etoiles ? Etoile d'Abyssie est forcément parmi eux. Peut-être pourras-tu enfin faire la paix avec tout ça. »

Etoile d'Azalée - 36 lunes - Meneuse - Clan du Vent

RP featuring Souffle Matinal ( VENT - lieutenant )

En réalité, depuis qu'elle est toute petite, Azalée a toujours envié les relations mère-fille que pouvaient posséder les autres chattes de son clan. En effet, lorsqu'elle était née, la Princesse a toujours imaginé que la Reine l'aimerait comme elle devait l'être, comme devait l'être une Héritière. Mais ce ne fut pas le cas, malheureusement : Abyssie ne voyait en elle qu'un boulet quand elle était petite, un fardeau qui la suivait partout pour avoir un minima d'attention .. Et une succession lorsqu'elle serait plus grande. Une autre marche vers la Lumière, une autre accroche vers le point ultime de sa vie. Sa mère ne l'a-t-elle jamais aimé ? Elle en était convaincue aujourd'hui. En vérité, la Princesse ne demandait que cela : un peu d'amour de la part de son seul repère, son seul pilier sur cette pauvre terre.

Et c'est sans doute pour cette raison que la chatte a pu arborer ce masque de gamine pourrie gâtée. Car elle était la seule de la portée, la seule survivante, mais surtout car elle n'avait pas l'amour qu'elle désirait. Il fallait qu'elle passe en première, dans toutes les situations, qu'on la voit, qu'elle soit le centre de l'attention et surtout qu'on s'occupe d'elle constamment. Heureusement, les Reines ont bien fait leur boulot sur ce coup-là, et l'ont élevé comme leur propre fille, apprenant à la canaliser et lui inculquant les rudiments des bonnes manières. Azalée ne les remerciera sans doute jamais assez pour cela. Elles ont été la mère qu'Abyssie n'a jamais été dans sa courte vie. Mais ce qui était incompréhensible, c'est pourquoi s'était-elle effondrée de cette manière à sa mort ? Tout simplement car elle se sentait abandonnée et que les responsabilités dont elle ne s'attendait pas, lui tombaient dessus sans crier gare.

En vérité, quand elle prenait du recul, la jeune meneuse ne comprenait pas vraiment comment Luciole et Souffle avaient pu devenir ses ami(e)s .. La chatte grisâtre avait été plus facile, puisque plus douce à approcher, mais le mâle lui avait semblé si inaccessible aux premiers abords. En effet, il était bien plus posé, bien plus calme et froid que la guérisseuse mais la Sablée avait finalement réussi à briser ses barrières et à entrer dans son cercle, restreint, d'amis. Et elle en était fière, réellement. C'est pour ça qu'elle ferait absolument tout pour le rendre heureux. Son sourire était son unique soleil, tout comme celui de Luciole. Finalement, quand Souffle tourna vers elle la tête et commença son discours, elle l'écouta attentivement. Cependant, à son avant dernière phrase, elle voulut protester. Malheureusement pour elle, le mâle fut plus rapide et continua sur sa lancée.

" Je t'ai choisi comme lieutenant car tu semblais le plus à même d'endosser ce rôle. Et puis .. Ton meilleur ami est venu plaider ta cause auprès des Reines, qui m'ont tout dit ensuite. " Un sourire amusé hérissa ses babines. Elle se souvenait parfaitement de ce jour où l'une des reines, agacée, était venu se plaindre auprès d'elle. " En ce qui concerne la Source de Lune ... " Elle hésita un instant, puis baissa la tête, honteuse. " Je suis terrorisée à l'idée d'y aller. Ma mère ne m'aime pas, et tu le sais. Et elle déteste être dérangée. Alors imagine si je l'appelle ? Je n'ose songer à sa réaction. De plus .. J'ai peur de sa réponse. Car si c'est un membre d'un autre clan qui l'a tué, je ne tiendrai pas plus longtemps. " Un soupir passa ses babines.

Quand Azalée mentionna son meilleur ami, Souffle Matinal manqua presque de lever les yeux au ciel. Le chat roux avait décidément la fâcheuse habitude de se mêler de ce qui ne le regardait pas ; et Feu Ardent s'était bien gardé d'en parler à Souffle, qui plus est ! Celui-là... Je ne te louperai pas la prochaine fois. Ses yeux s'étrécirent subrepticement sous l'effet de l'irritation. Fais-moi confiance. Mais le matou ne s'attarda pas sur les sévices qu'il ferait à son meilleur ami ; il ne s'en sortirait pas comme ça. Ce faisant, Souffle loupa la mine honteuse que son amie afficha lorsqu'elle lui révéla son sentiment par rapport au fait d'aller à la Source de Lune, si bien qu'il ne comprit pas tout de suite sa réaction.

Terrorisée ? À cette phrase, il se concentra à nouveau sur Azalée. Les mots qui suivirent avaient à la fois tout et rien à voir avec la meneuse qu'il connaissait. Qu'elle soit inquiète voire stressée à l'idée de recroiser sa mère en rêvant à la Source de Lune lui semblait normal. Les circonstances qui les avaient séparées, et leur relationnel, rien de tout ça ne rendait les choses faciles. Mais de là à s'imaginer déranger Etoile d'Abyssie ? Parfois, le lieutenant n'arrivait pas à suivre le raisonnement d'Azalée. Il secoua doucement la tête devant l'acharnement avec lequel la meneuse se reprochait... il ne savait quoi. Elle n'était nullement responsable de la mort d'Etoile d'Abyssie, elle devait le savoir au fond d'elle-même ; néanmoins ses cauchemars semblaient l'entraîner de plus en plus sur le chemin de la culpabilité.

« Azalée... »

Le chat se leva, dédaignant le campagnol qu'il avait chassé quelques heures auparavant pour s'approcher de la chatte couleur de sable. Il ne voulait pas paraître trop dur dans son jugement mais il ne pouvait nier que la réaction d'Azalée ces derniers temps lui paraissait presque disproportionnée. Il savait aussi qu'ils étaient diamétralement opposés, tous les deux. Et qu'il était peut-être un peu trop prompt à la juger. Même si personne n'était là pour le voir, la mort de sa sœur Boule de Rosée lui pesait encore, malgré les lunes et les saisons écoulées. Mais entendre Azalée parler de sa mère comme si elle était encore en vie... Ce n'était plus le cas.

« Je ne veux pas que tu prennes mal ce que je vais te dire mais je me sens obligé d'y venir. Azalée... Etoile d'Abyssie n'est plus, tu le sais. Sa présence dans le clan des Etoiles ne signifie pas une prolongation de sa vie. De sa mémoire, tout au plus. » Attentif, il guetta sa réaction. « Elle n'a plus aucune incidence ici bas. Tu ne la dérangeras pas, crois-moi. » Et puis soudain, une idée le traversa. Une question plutôt, une question qu'il n'avait jamais posé car il n'y avait pas réfléchit jusque-là. « Je sais que ce n'est pas quelque chose dont un chef de clan doit dire à la cantonade mais est-ce que Etoile d'Abyssie fait partie des chats qui t'ont octroyé tes neuf vies ? » Souffle Matinal se retint sur le moment d'en dire plus car la question, peu commune, pouvait être sensible. D'autant plus qu'il serait peut-être amené lui-même à en faire l'expérience. Mais si c'était le cas, si Abyssie avait bien donné une vie à Azalée, alors peut-être qu'il y aurait là un début d'explication.

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Etoile d'Azalée - 36 lunes - Meneuse - Clan du Vent

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En réalité, Azalée ne connaissait pas beaucoup Feu Ardent. Bien sûr, elle avait entendu parler de lui comme le meilleur ami de son lieutenant, comme celui avec qui il faisait les quatre cents coups, comme celui qui lui remontait le moral, celui qui lui avait permis de grandir progressivement, mais surtout celui lui permettant de devenir celui qu'il est aujourd'hui. Dans le fond, elle les enviait. Elle les enviait d'avoir une telle amitié. Toute sa vie, elle a toujours rêvé d'avoir une telle amitié étant jeune. Elle aurait rêvé de pouvoir rencontrer quelqu'un comme ça, de rencontrer un chat qui lui aurait permis de découvrir une enfance qu'elle n'a jamais connu, rencontrer un chat qui lui aurait aidé à devenir une chatte heureuse de vivre, une chatte pas aussi égocentrique. Malheureusement, ce ne fut pas le cas. Elle demeura toute seule. Sa mère l'avait complètement abandonné. Bien sûr, elle était présente sur le camp, mais elle ne faisait pas attention une seconde à sa fille, alors qu'elle était l'unique survivante d'une portée. Non, elle n'a jamais compris. Et c'est pour cette raison qu'elle enviait une telle amitié, car elle était certaine que ça aurait pu aider, ça aurait pu faire en sorte qu'elle soit plus forte.

Oui terrorisée. Elle était terrorisée à l'idée de déranger sa mère. Mais était-elle seulement terrorisée par cela ou terrorisée par sa propre mère ? Sans doute, la seconde option. En effet, depuis toute petite, Azalée a toujours eu peur de sa propre mère. Elle avait peur de ses réactions quand elle faisait quelque chose de mal, elle avait peur de ses réflexions quand elle se rendait compte des erreurs qu'elle pourrait commettre, elle avait peur de ses réprimandes quand elle faisait une bêtise, elle avait peur de la décevoir tout simplement. En effet, la déception était sans doute la plus grande souffrance que pouvait lui procurer sa mère. En la décevant, elle avait l'impression de devenir quelqu'un de mauvais, une chatte qui ne mériterait même pas un regard, une chatte qui ne méritait que la souffrance. Alors, oui, elle était effrayée à l'idée d'aller à la Source de Lune pour venir voir sa mère. Que lui dirait-elle ? Que lui infligerait-elle ? Quelle réprimande aurait-elle ? Mais surtout, qu'oserait-elle lui dire ? Elle n'en savait absolument rien. Et c'est sans doute pour cette raison qu'elle évitait tout moment pour y aller.

Lorsque son prénom sortit de la bouche de son ami, la chatte posa de nouveau son regard sur celui du matou. Son regard, à elle, avait complètement changé. Il ne paraissait pas aussi assuré qu'avant, on pouvait y distinguer de la peur, de la culpabilité et de la rage. En réalité, plus les cauchemars se faisaient fréquents, plus elle avait le sentiment de sombrer dans la folie. Une folie qu'elle ne pouvait même pas contenir, une folie qui prenait petit à petit une grande place dans son coeur, au point de le dévorer progressivement. Une folie qui la terrorisait bien plus que sa propre mère. Puis, elle écouta le discours de Souffle. Et là une question la fit tiquer. Une question dont elle n'avait parlé à personne, dont seul lui connaîtra le secret.

" Ce que tu ne comprends pas Souffle. C'est que sa Mémoire suffit à me faire souffrir. Elle m'a haï toute sa vie, elle m'a malmené et rien que penser à elle me permet de souffrir. " Puis, elle baissa la tête. Il fallait qu'elle lui dise. " Une seule. Mais la plus importante. "

HRP

Spoiler:

Spoiler:

Effectivement, il ne comprenait pas. Il ne comprenait tout simplement pas comment Etoile d'Azalée pouvait autant se ronger les griffes à l'idée de se rendre à la Source de Lune et d'y croiser sa mère. Elle est morte bon sang ! Il leva son regard vers Azalée, observant sa posture, son visage, son expression. Sa posture n'était pas aussi assurée que ce qu'il avait l'habitude de voir. Son visage arborait un air presque douloureux. Quant à son expression... Ce n'était pas que de la culpabilité qu'il lisait. C'était bien plus. C'était presque comme une condamnation envers elle-même. Et Souffle ne laisserait pas son amie tomber dans ce travers.

« Il est clair qu'on ne peut pas dire qu'Etoile d'Abyssie était une mère aimante envers toi... Son devoir passait avant tout le reste. » Un soupir lui échappa. Il n'avait pas prévu que la conversation dévie autant sur ce sujet. Mais il savait à quel point Azalée avait besoin d'en parler, d'extérioriser tout cela. Pourtant, lorsqu'il l'entendait parler, il avait parfois l'impression de... tourner en rond. Et cela devenait de plus en plus difficile pour lui de maintenir sa façade impassible. La frustration montait avec douceur, menaçant ce fragile équilibre qu'ils avaient construit ensemble. « De quoi as-tu peur ? » Car s'était aussi le cœur du problème, n'est-ce pas ? « Pourquoi sa mémoire te remplies de tant d'appréhension ? Il s'est passé quelque chose lorsque tu as reçue tes neufs vies, c'est ça ? » Désormais, il se fichait de savoir si sa question était indiscrète ou déplacée. Il devait savoir. Il avait besoin de savoir. Besoin de comprendre comment l'aider ; comment se rendre utile. Il refusait de voir disparaître à nouveau un chat qu'il appréciait. « Dis-moi ce qu'il en est. Il est temps de crever l'abcès. »

Cette fois-ci, il se rapprocha d'Azalée, dégagea quelques herbes hautes et se plaça au côté d'elle, assez proche pour que leurs pelages se touchent. Tout à sa frustration, il devinait malgré tout ce que leur discussion demandait à la meneuse comme énergie. Il resta quelques instants dans cette position avant de presser gentiment son corps contre celui de son amie. Ce n'était pas vraiment dans ses habitudes d'initier des contacts physiques mais il était tout aussi clair que la chatte en avait besoin. Elle n'était pas aussi proche de leurs guerriers que lui, ce qui était lié à la fois à son rang et à sa personnalité. Souffle avait son meilleur ami pour le sortir des ses propres moments un peu sombres ; son histoire aussi était différente d'Azalée. Sentant l'ambiance s'assombrir au fur-et-à-mesure, le lieutenant tenta de détendre l'atmosphère : « Ne vas pas t'imaginer que c'est quelque chose que je fais souvent, » miaula-t-il doucement en la poussant légèrement, « n'en fait pas une habitude. »

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Etoile d'Azalée - 36 lunes - Meneuse - Clan du Vent

RP featuring Souffle Matinal ( VENT - lieutenant )

En réalité, à trente-six lunes, Azalée avait encore beaucoup de mal à comprendre pourquoi elle redoutait autant la réaction de sa mère. Surtout qu'elle était morte .. Mais de son vivant, Etoile d'Abyssie l'avait toujours rendue apeurée, elle l'avait toujours terrorisé. Bien sûr, sa mère ne la battait pas, elle ne la martyrisait pas physiquement, mais ne dit-on pas que la maltraitance se passe autant avec les mots ? C'est exactement ce qu'elle avait vécu. Chaque jour, de son vivant, sa mère n'avait cessé de l'insulter, de lui parler de ses actions qu'elle ne devait rater, de la loyauté qu'elle devait lui offrir, et surtout de ses actes. En fait, plus elle prenait du recul, et plus elle se rendait compte que sa mère lui en voulait. Lui en voulait-elle d'avoir survécu, contrairement à sa fratrie ? Lui en voulait-elle d'être fille unique ? Elle ne saurait le dire, et elle n'aurait sans doute jamais sa réponse.

C'est d'ailleurs, peut-être, pour cette raison que la chatte avait si peur de sa mère. Sans doute car la culpabilité ne cessait de ronger son esprit, ne cessait d'envahir son coeur, sans qu'elle ne s'en rende réellement compte. Dans la vie, la folie ou la culpabilité fait vriller les âmes, les anéantissent, et finissent par tuer leurs hôtes. Peut-être est-ce cela que recherchait Abyssie dans le fond ? Peut-être recherchait-elle à ce que sa fille la rejoigne ? Peut-être n'avait-elle jamais accepté la naissance de cette chatonne ? Peut-être désirait-elle plutôt un chaton ? Un pur héritier ? Et non cette jeune chatte manquant de confiance en elle et n'étant pas sûre de pouvoir tenir son rôle ? C'était exactement cela. Azalée en était convaincue aujourd'hui. Et pour cette raison qu'elle était heureuse d'être ainsi entourée, car elle savait qu'elle pouvait compter sur les membres de sa meute ainsi que ses amis les plus proches.

Le discours commença. Et ses yeux se fermèrent. Souffle avait tout comprit, il s'était rendu compte de la torture quotidienne que lui avait offert sa mère. En même temps, c'était facile. Dans un premier temps car elle l'avait fait devant tous les autres chats. Dans un second temps, car Etoile - la plus jeune - n'avait cessé de se blottir dans les pattes des reines et se confesser auprès d'elles. Cependant, à son jeune âge, ce qu'elle ne savait pas c'est que les Reines parlaient beaucoup entre elles, et les murs ont des oreilles. Il ne comprenait pas le lieutenant .. Ce qui était normal. La folie avait envahi l'esprit de la Meneuse et elle avait du mal à s'en dépêtrer, donc à demeurer compréhensible vis-à-vis des autres. Finalement, la question tomba. Devait-elle réellement en parler ? Devait-elle réellement se confier par rapport à cela ? Elle inspira longuement, soupira lourdement et fini par reposer son regard sur son ami. Il le méritait.

" Elle m'a donné le courage. Elle m'a fait promettre de protéger le clan au péril de ma vie. " Elle n'en était pas capable, elle le savait. C'était une peureuse dans la vie. " Et elle m'a ordonné de conquérir plus de terre, car selon elle, le Vent mérite bien plus qu'il n'a aujourd'hui. " Et ça, elle n'en était pas convaincue. Mais elle avait fermé sa bouche, comme d'habitude.

La chatte le savait, maintenant. Elle doutait. Etait-elle vraiment à sa place dans ce clan ? Est-ce que ce trône elle le méritait vraiment ? Elle ne le savait pas, elle ne le savait plus. En fait, elle se rendait bien compte qu'elle commençait à être rébarbative, mais elle ne pouvait faire autrement. Son manque de confiance en elle la bouffait plus qu'à l'accoutumée. Finalement, quand le tigré vint se blottir contre elle, pour la première fois, elle ferma les yeux et ronronna de contentement. Ca lui faisait tellement de bien. Sa queue vint s'enrouler près de celle du mâle, et on pouvait sentir que la meneuse s'apaiser petit à petit. Un sourire apparut sur ses babines, alors qu'elle hochait la tête.

" Dommage, je me serai sentie privilégiée ... " Finalement, elle laissa sa tête se poser calmement sur l'épaule de son ami.

hrp

Spoiler:

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